Etudiants fantômes

 


Bonjour à tous, 
Il y a quelques jours j'ai décidé sur un coup de tête de créer un sondage pour me rendre compte de la situation étudiante. Je ne pensais pas à de tels résultats...

Nous avons eu 703 retours à ce jour (20 janvier 2021), il y a eu 92% de retours féminin et 8% de retours masculin. Il y a eu 49,7% d’étudiants âgés de 21 à 25 ans, 48,8% de moins de 20 ans, et 1,4 de plus de 25 ans. Les niveaux d’études sont assez disparates, nous sommes tous en études supérieures (de la licence au master) venant de tous horizons. 78% ne préparent pas de concours cette année, 19% préparent malheureusement un concours pour cette année et le reste ne sait plus si passer un concours est encore possible. Sur une échelle de 1 à 10, la motivation des étudiants se situe entre 3 et 5. 75% des étudiants ne pensent pas arrêter leurs études, 20% en revanche ne savent plus où ils en sont et 5% ont déjà abandonné. Sur une échelle de 1 à 10, la santé mentale en moyenne est située entre 4 et 6. Pour 84% la vie sociale est ce qui manque le plus et 66% pensent que le gouvernement nous a oubliés. 
J'ai lu beaucoup de témoignages, beaucoup de mots très durs et très difficile pour la jeunesse de France. Alors je me suis dis qu'il était inconcevable de rester assis les bras croisés. Qu'il fallait que j'essaie... Alors j'ai écris une lettre pour l'envoyer dans la presse.

La voici :

"Madame, Monsieur, 

Nous en appelons au Président de la République, à notre ministre Mme Vidal et au reste du gouvernement français. Nous sommes les oubliés, nous sommes les abandonnés, et notre seul souhait : à nouveau exister. 

Suite à un sondage que j’ai créé ce vendredi 15 janvier 2021, j’ai reçu plus de 700 témoignages. Je ne suis aujourd’hui que la plume transmettant l’inexorable situation que des milliers de jeunes gens vivent depuis près d’un an. Ce n’est pas une simple réaction mais véritablement des actions concrètes et efficaces, que nous attendons. Nous sommes ceux qui essayons tant bien que mal d’étudier pour pérenniser un avenir incertain, et, quand bien même nous sommes de ceux qui souffrent durement de cette crise mondiale. Nous avons l’impression d’être des fantômes, des oubliés. 

Madame, Monsieur, n’étant que le réceptacle de tous ces témoignages, je voudrais vous interpeller. Vos enfants, les étudiants sont en train de sombrer. Nous n’avons plus aucune vie sociale qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Les plus chanceux qui, comme moi, vivent en colocation, chez leurs parents, avec leurs moitiés, subissent malgré tout la déferlante du chaos psychologique due au distanciel. Alors imaginez ceux qui vivent seuls… Nous perdons toute motivation et pourtant, tout ce que nous souhaitons n’est autre que la réussite et un avenir professionnel. Certains d’entre nous, avons des concours cette année. Des examens décisifs pour nos vies, qui sont d’ordinaire déjà compliqués mais qui là deviennent ingérables. Pensez à vos futurs médecins, enseignants, personnels de santé et de sécurité nationale. Pensez à vos futurs ingénieurs, chercheurs et scientifiques, avocats et juges, et tous ceux que j’oublie. Pensez aux futurs travailleurs que nous sommes. Nous sombrons dans les bas-fonds d’une profonde déprime, si ce n’est dépression. En tant que réceptacle et plume, j’ai énormément pleuré en lisant les appels à l’aide que la plupart ont laissés. Que suis-je censé faire lorsqu’un.e inconnu.e écrit qu’il/elle souhaite mourir, qu’il/elle ne voit plus aucune raison pour continuer cette vie ? Que suis-je censé faire lorsque je lis que la chose la plus difficile dans la vie c’est d’aimer, de vivre, ou même de survivre ? Que suis-je censé faire quand bon nombre d’entre nous est sous médicaments, en burn-out ou en échec scolaire ? Nous sommes tous prisonniers de nous-même, de nos vies, de la situation actuelle, de l’injustice. Nous sommes tous dans une profonde nostalgie d’un passé qui ne fait que refléter le facteur X ou Y d’un avenir sombre et incertain. 


Madame, Monsieur, nous ne comprenons pas pourquoi la France a repris un semblant d’activité, que les collèges et lycées accueillent nos petits frères et petites sœurs, alors que nous, nous tournons en rond dans nos chambres et dans nos esprits. Pourquoi nous pensez-vous à ce point irresponsables ? Pourquoi nous contraindre au distanciel alors que le reste du monde tourne sans nous ?  Pourquoi cette infantilisation à l’aube de notre vie d’adulte ? Sommes-nous à ce point immatures et accessoires ? 

Nous savons que cette situation est très compliquée pour tout le monde. Il est certes plus facile d’avoir 20 ans en 2021 en France qu’en 1914. Mais en perdant cette possibilité d’étudier dans nos facultés et écoles, en présentiel, nous avons compris l’importance du collaboratif, des cadres scolaires et de tout ce que les cours peuvent nous apporter. Tout cela nous l’avons compris et la santé de tous est importante mais, par pitié, laissez-nous étudier dans des conditions convenables. Laissez-nous construire nos futurs pour que ceux-ci ne soient pas le résultat d’un infini chaos. 

Madame, Monsieur, l’humble étudiante que je suis vous le demande, entendez-nous. Pour la santé mentale et physique de mes camarades, pour notre avenir, pour nos vies, s’il vous plaît, aidez-nous."


Cher.e.s étudiant.e.s, je ne vous promets rien.
Mais croyez bien que j'essaie !

Force à vous, force à nous !

Commentaires

Articles les plus consultés